Noël est toujours une tradition vivante née de racines animistes, tissée de mythes, de magie et de mémoire.
Noël, à l’origine n’était pas une célébration (ethno)centrée sur les enfants. Noël plonge ses racines bien plus loin, dans les hivers du Grand Nord, là où la nuit avalait presque entièrement le jour et où survivre exigeait une attention, connexion profonde au vivant, aux animaux, aux plantes, et aux états de conscience altérés qui permettaient de traverser l’obscurité.
costumé de rouge et blanc – Amanita muscaria
Ayant parcouru quelques kilomètres entre l’Estonie et le Finlande, il y a parmi les images persistantes de l’hiver nordique, les forêts de Pins, la neige, le silence et souvent celle d’un champignon rouge à pois blanc, l’Amanita muscaria.
L’amanite, un champignon cosmopolite, qui croît dans les forêts de conifères et de feuillus de toutes les régions tempérées et boréales de l’hémisphère nord, y compris des latitudes plus chaudes du bassin méditerranéen, de l’Hindou Kouch et de l’Amérique centrale.
Amanita muscaria n’est pas un élément dans la nature isolé ni un simple symbole folklorique : c’est une espèce ectomycorhizienne, intimement liée justement aux conifères, en particulier aux Pins, aux Epicéas et aux Cèdres mais aussi aux feuillus, Chênes et Bouleaux . Elle ne pousse pas sous ces arbres par hasard, mais avec eux, dans une relation symbiotique souterraine ancienne où chacun dépend de l’autre pour survivre. D’après une étude moléculaire, le champignon serait apparu en Sibérie-Béringie au cours de l’ère Tertiaire (−66 M à −2,58 M) avant de se répandre à travers l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord. Je me demande si le simple fait de humer le Cèdre de l’Atlas depuis quelques jours m’a donné l’inspiration et la force d’écrire ce soir sur ce champignon qui lui est associé. Mes recherches sur ce sujet sont encore superficielles. Soyez indulgent-es et partagez d’autres sources si vous en avez.
Ce champignon apparaît précisément lorsque la lumière décline et que l’activité végétale ralentit. Dans les régions boréales, il marque le seuil de l’hiver, un moment où la vie ne disparaît pas mais se transforme, se concentre, s’intériorise et continue sous terre, dans l’invisible.
Comprendre son rôle écologique et culturel permet d’éclairer autrement certaines traditions hivernales, bien antérieures au Noël tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Dans les cultures arctiques et sibériennes, le renne était un animal vital. Il guidait les êtres humains qui observaient beaucoup ces animaux et suivaient leur migration. Or les rennes se nourrissent de l’Amanita muscaria* ayant des effets psychotropes avérés, ils se mettent alors à sauter, à se cabrer frénétiquement, un comportement peu habituel chez les rennes. Les peuples d’autrefois, les Samis, les Tsaatans en Mongolie, les Dukhas * voyaient ils littéralement les rennes s’envoler dans le ciel?
*comme nos chevreuils se nourrissent de Bourdaine et comme ils sont des ruminants, la consommation de ces ingrédients riches en sucre entraine une fermentation qui peut provoquer des effets similaires à l’alcool. Les chevreuils peuvent alors avoir des comportements « incohérents« , s’assimilant à de l’ivresse : ils perdent l’équilibre, ne fuient plus au contact des être humains et s’aventurent loin de leurs lieux de vie habituel.
*petite communauté turcophone d’éleveurs de rennes semi-nomades vivant dans un district de la province de Khövsgöl , en Mongolie, appelé Tsagaannuur.
Les chamans consommaient le champignon indirectement, parfois en buvant l’urine des rennes, qui en avaient déjà filtré les composés les plus toxiques. Rien de ludique ici. Cela relevait d’un rite précis, il en allait de la survie du clan.
Certainement Santa était le chaman
Ces cérémonies hivernales ouvraient des espaces liminaux de transe-mission et de vision. On raconte dans les forêts les plus au Nord qu’il revêtait un habit rouge et blanc et entrait par la cheminée pour ouvrir l’espace de l’Autre Monde à l’intérieur du foyer. Puis on partageait des histoires, on veillait longtemps près du feu, le shaman incorporait les esprits. Ces temps servaient à contenir la peur, à apprivoiser le deuil, à soutenir l’esprit lorsque le soleil ne se levait presque plus, à ramener un équilibre au sein d’un clan. On accrochait des branches de conifères à l’intérieur, seule espèce sempervirens « toujours vert »- qui garde ses feuilles, aiguilles tout l’hiver – comme des promesses silencieuses du retour de la vie, du soleil. Le feu ne s’éteignait jamais : sans lui, il n’y avait pas de lendemain. Le cœur de l’hiver n’était pas une fête. C’était une épreuve à traverser collectivement.
Sapin de Noël
L’arbre de Noël, communément appelé « sapin de Noël » n’était pas de la décoration ou un arbre à décorer, c’était un symbole de subsistance, de la nécessité du continuum, de la transmission transgénérationnelle implicite et indispensable à la survie durant l’hiver.
Le Noël moderne n’a pas effacé cette mémoire. Il l’a polie, simplifiée, rendue consommable. Quelques symboles sont restés, le vert des aiguilles, la lumière dans la nuit, la magie, mais leur sens s’est déplacé. Les Noëls des temps anciens impliquaient d’honorer la vie sauvage, animale, végétale, le feu et des états de conscience altérés dans un monde où la nuit régnait.
Aujourd’hui il y un décalage entre les besoins physiologiques et psychologiques de l’hiver et les exigences d’une culture moderne qui valorise énergie et festivité, malgré l’appel naturel au repos et à l’intériorité. L’Amanita muscaria fait partie d’un système vivant cohérent : forêts de conifères, cycles saisonniers, animaux migrateurs, humains attentifs aux signaux de leur environnement. Sa présence hivernale rappelle que la survie ne passait pas par la négation de l’obscurité, mais par une relation ajustée avec elle.
Si certaines traditions ont changé de forme, les rythmes biologiques, eux, demeurent. Le ralentissement, la recherche de chaleur, la densité émotionnelle de cette période ne sont comme un écho vif d’une mémoire écologique naturelle, celle d’un temps où l’hiver n’était pas enjolivé, mais compris, observé, traversé.
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Noël est toujours une tradition vivante – née de racines animistes, tissée de mythes, de magie et de mémoire.
A la question « Est ce que le Père Noël existe? Que répondre à un enfant de 4 ans…
Ullr, divinité nordique du froid et de l’hiver, tient le monde entre ses mains. C’est un dieu Ase, fils de Sif, adopté par Thor. Excellent chasseur, adepte des sports d’hiver, il habite Ydalir, la vallées des Ifs, un pays de montagnes enneigées. La grande fête du solstcie d’hiver Jol, a été supplantée par la fête de Noël chrétienne.
En Finlande, cette période critique — où les températures pouvaient descendre jusqu’à −40 °C — se traversait aux côtés des animaux. Vaches, rennes, chevaux, moutons, chiens et chats partageaient l’espace de vie et bénéficiaient d’une attention particulière. Les oiseaux, eux aussi, étaient nourris de graines et de graisse, car ils maintenaient un lien précieux avec le monde extérieur.
Freyr, faisant parti de la triade divine Odin et Thor, Freyr était également honoré au moment du solstice d’hiver.
La Mère-Cerf, une déesse mère était une figure spirituelle vénérée dès les premiers temps du Néolithique. Elle était honorée par de nombreux peuples anciens des îles Britanniques, de Scandinavie, de Russie, de Sibérie et de Mongolie. Dans plusieurs de ces régions, elle est encore aujourd’hui tenue en grande révérence.
Au solstice d’hiver, on raconte que la Mère-Cerf prend son envol, portant sur ses bois la lumière vivifiante du soleil pour l’emmener dans la nouvelle année. Dans les anciennes cultures finno-ougriennes — des régions allant de la Scandinavie à la Russie — le cerf possédait le pouvoir de voyager entre le monde des vivants et celui des morts, le monde souterrain. Les chamans se métamorphosaient en cerfs afin de traverser ces mondes sous forme animale. Le cerf aidait également les âmes des défunts à franchir la frontière entre les royaumes.
Le solstice d’hiver s’inscrit pleinement dans cette vision : il marque la renaissance du soleil, la fin symbolique du « temps mort » de l’année et le commencement d’un nouveau cycle. Et c’est le cerf qui ramène le soleil depuis le monde souterrain.
La Chèvre de Yule. Le Julbock (ou Julbukk) est l’un des plus vieux symboles de Noël des pays scandinaves et du nord de l’Europe. On peut le traduire en français par bouc de Noël ou chèvre de Noël.
Le Nisse, ou tomte est une petite créature humanoïde légendaire des traditions danoises, comparable au lutin français.
Saint Nicolas.
Un autre lien vers une publication du Grimoire des herbes fait référence à la nuit de Hludana, Dame Holle.
Ce ne sont pas des contradictions, ce sont des constellations. Et le Père Noël est ce que nous avons fait d’elles.
Quand nous allumons le foyer, suspendons les chaussettes, chuchotons des vœux, déposons des biscuits… nous faisons ce que faisaient nos ancêtres : nourrir un esprit pour nous aider à traverser l’obscurité.
Le Père Noël est un héritage. Un héritage qui nous rappelle que la générosité, l’émerveillement et la capacité d’éprouver de la joie profonde comptent encore. Qu’il existe un échange, des relations, une réciprocité, tout ce qui fait que le monde continue de tourner et nous aide à rester en relation juste avec le monde non humain.
Joyeux Noël et beau voyage initiatique dans les mondes souterrains. La paix dans le monde intérieur extérieur.
Sources https://en.wikipedia.org/wiki/Amanita_muscaria
Sources Instagram Ancestral Embers & Jenn Campus
Jesus if he was alive today

